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April 2025

Voyer

Lorsque Marie-Madeleine arrive au tombeau vide, elle en conclut que le corps de Jésus a été enlevé. Lorsque Pierre entre dans le tombeau, il n'en conclut rien encore.
Quand l'apôtre Jean entre dans le tombeau, on lit :

Il vit, et il crut (Jn. 20,8).

Dans les trois cas, il y a une relation entre voir ou ne pas voir et croire ou ne pas croire.
 
Thomas d'Aquin a écrit :

Ubi amor, ibi oculus - c'est l'amour qui nous fait voir (III Sent.35,1,2,sol.1)

Et dans son hymne latin Tantum ergo, Thomas dit que nos sens nous font défaut lorsque nous parlons de l'Eucharistie.
 
Dans notre foi, utilisons-nous les bons yeux ? Les yeux de notre cœur ou nos yeux d'homme ?
Dans l'Évangile, Marie-Madeleine, Pierre et Jean voient tous les trois la même chose avec leurs yeux humains, à savoir un tombeau sans corps. Seul Jean regarde non seulement avec ses yeux physiques, mais aussi avec les yeux de la foi, avec les yeux de l'amour. Il reconnaît dans le tombeau vide un signe de la puissance et de l'amour de Dieu.
 
Combien de fois sommes-nous guidés par ce que nous voyons avec nos yeux humains ? Nous voyons les défis et les difficultés de notre vie, et parfois nous nous décourageons. Nous voyons les problèmes que les individus causent et nous sommes irrités. Nous voyons le monde brisé qui nous entoure et nous perdons parfois espoir. Mais la foi nous demande de regarder au-delà de ce qui est visible. Elle nous demande de faire confiance à la promesse de Dieu, même si nous ne la comprenons pas entièrement.
 
Les yeux de la foi nous permettent de voir la présence de Dieu même dans les circonstances les plus difficiles. Ils nous aident à reconnaître les signes de son amour et de sa grâce, même lorsqu'ils ne sont pas immédiatement évidents. Ils nous aident à voir que les personnes avec lesquelles nous luttons sont également créées à l'image et à la ressemblance de Dieu. Mais pour voir avec les yeux de la foi, nous devons ouvrir nos cœurs à l'Esprit de Dieu. Nous devons nous laisser guider par sa parole et mettre notre confiance dans sa promesse.
S'abandonner à l'amour de Dieu et témoigner de cet amour dans notre monde.

Eugène

Questions sur le matin de Pâques

Le matin de Pâques, Jésus, en tant qu'étranger, marche vers Emmaüs avec deux disciples et il leur demande :

De quoi discutez-vous en marchant ? (Lc 24,17)

Quand Marie-Madeleine arrive au tombeau le matin de Pâques, elle rencontre Jésus en tant que jardinier et il lui demande :

Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? (Jn 20,15)

Il invite les gens à dire la raison de leur déception et de leur chagrin. Il peut s'agir de quelque chose de professionnel, de quelque chose de matériel. Mais dans les deux cas, il s'agit de l'absence d'une personne. C'est pourquoi Jésus pose deux questions à Marie-Madeleine dans le même souffle.
Dans la vie, il s'agit toujours de poser les bonnes questions. On peut être tenté de chercher des raisons : Quelle est la raison de mon chagrin ? Qu'est-ce que je cherche dans la vie ? Mais on peut aussi se demander : Qui est-ce que je cherche dans la vie ? Qui remplit ma vie ?
Le deuxième type de questions est plus fondamental que le premier, et il faut parfois toute une vie pour passer de la première à la deuxième question. C'était aussi le cas de notre fondateur Pierre-Julien Eymard. Il travaillait beaucoup pour Dieu, mais il manquait encore quelque chose dans sa vie. Lors de la Grande Retraite de Rome (25 janvier - 30 mars 1865), il écrivait :

Or jusqu'ici j'ai été dans la pensée intellectuelle de l'Eucharistie, dans l'étude de l'Eucharistie, dans les moyens extérieurs du succès, et non dans la moelle, dans le cœur de cet amour divin. Voilà pourquoi je me suis toujours agité. (NR 44,81)

Pendant cette retraite, il est passé du « quoi » au « qui », de son travail à une personne.
Il y a toujours un mouvement de l'extérieur vers l'intérieur. Les deux disciples passent de la déception au cœur brûlant, Marie-Madeleine passe du jardinier au Rabbouni et Eymard de l'extérieur de l'Eucharistie au cœur. Nous sommes nous aussi invités à suivre ce chemin.

Eugène