Le veau d'or
L'absence de Moïse représente le vide dans lequel se trouve le peuple. Ils manquent non seulement de leadership, mais aussi de direction et de confiance. Comment aller de l'avant ? Ils aspirent à une certitude, à un symbole physique d'une force qui les guide.
C'est ainsi qu'ils créent le veau d'or comme Dieu de remplacement : un veau d'or peut sembler fantastique, mais cette beauté est vide, car cette image ne peut pas guider le peuple. Il a l'air saint, mais ce n'est qu'une façade brillante.
La réaction de Dieu à cet événement est féroce et parle de destruction et de punition. Cette réaction appelle le peuple à un moment de prise de conscience. Quelle est la valeur réelle de la vie ?
Moïse plaide pour le peuple, il y a réconciliation et une nouvelle alliance. Le peuple revient à ses origines : la délivrance de l'Égypte par le Dieu de ses ancêtres.
Dans cette mesure, l'histoire du veau d'or n'est pas une fin, mais un nouveau départ dans la traversée du désert.
La prière d'Abraham pour Sodome et Gomorrhe
Le premier élément du récit est l'attitude d'humilité d'Abraham lorsqu'il dit :
moi qui suis poussière et cendre. (Gen. 18,27)
Il reconnaît sa petitesse devant Dieu, malgré sa relation spéciale avec lui. En d'autres termes, le Père Eymard dit la même chose lorsqu'il cite Paul :Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. (Gal. 2,20)
Eymard parle de son union profonde avec le Christ et du fait que sa vie est désormais guidée par le Christ qui habite en lui.* Une attitude d'humilité aide le chrétien à reconnaître ses propres limites et à réaliser que la vie chrétienne n'est pas une question de gloire personnelle ou de pouvoir, mais de service. L'humilité ouvre le cœur à la communauté, à l'écoute des autres et à l'accueil de la grâce.
Le deuxième élément est de voir la misère : Dieu parle de la misère à Sodome et Gomorrhe et Abraham prend conscience de la misère présente.
Nous lisons tous les journaux et suivons les informations à la télévision, et c'est ainsi que nous entendons parler chaque jour des conditions misérables qui règnent dans le monde. Le danger de ce déluge de misère est que nous nous y fermons et devenons indifférents. Lors de son premier voyage à Lampedusa en 2013, le pape François a déclaré :
Nous nous sommes habitués à la souffrance des autres. Elle ne nous touche plus, elle ne nous concerne plus.
Abraham montre qu'il n'est pas indifférent à la souffrance.* Et c'est l'élément qui concerne la vie d'un chrétien: voir la souffrance dans le monde.
Le troisième élément est qu'Abraham prie et plaide pour les habitants des deux villes. Il montre ainsi sa compassion. Il prie non seulement pour son cousin Lot qui vit là, mais aussi pour tous les habitants des villes qu'il ne connaît pas. Sa prière est l'expression de l'amour universel, du désir que même le pécheur soit sauvé.
* Pour les chrétiens, la compassion est le cœur de la vie chrétienne. C'est la capacité d'être touché par la souffrance des autres et d'y répondre concrètement. On se porte mutuellement dans la vulnérabilité, on prend soin des malades, des personnes âgées, des personnes en recherche. Et que l'on s'engage en faveur de la paix, de la réconciliation, de la réparation des relations brisées.
Un autre élément est qu'Abraham invoque la justice de Dieu. Il pose une question fondamentale :
Celui qui juge toute la terre n’agirait-il pas selon le droit ? (Gen. 18,25).
Il part du principe que Dieu est juste et que cette justice doit aussi être visible dans ses actions.* Pour les chrétiens, la justice est une valeur fondamentale. Cela signifie travailler pour la justice au sein de la communauté et au-delà. Cela signifie défendre les pauvres, les exclus, les victimes de l'injustice. La justice n'est pas seulement une mission sociale, mais aussi une vocation spirituelle.
Paraboles
D'une part, Jésus utilise des paraboles pour expliquer simplement des choses difficiles concernant le Royaume de Dieu.
Mais d'un autre côté, les paraboles ne sont pas toujours faciles à comprendre. Pensez à la parabole du semeur, dont les disciples demandent ensuite l'explication. Ou encore les paraboles avec lesquelles nous ne sommes pas d'accord à notre époque, comme la parabole des ouvriers de la onzième heure. Nous pensons souvent que c'est injuste.
Ainsi, bien que les paraboles utilisent un langage simple, un effort est demandé à l'auditeur pour en comprendre le sens. Par conséquent, le sens d'une parabole peut varier d'une personne à l'autre, et l'interprétation des paraboles peut changer au fil du temps.
Mais le point de départ reste toujours le même : les paraboles veulent nous faire comprendre quelque chose du Royaume de Dieu et nous demander de faire un effort pour entrer dans ce Royaume.
Eugène
Contemplation dans l'action
Les deux sœurs sont montées l'une contre l'autre par nous. Et cela me rappelle de notre propre congrégation autour de la question : quelle est l'essence de la congrégation : est-elle purement contemplative ou est-elle aussi active ?
Le Père Eymard a mis l'Eucharistie et l'adoration au centre de la congrégation, mais la congrégation a été approuvée par l'évêque de Paris parce qu'elle s'est engagée dans la première communion des adultes. Le père Eymard se consacre ainsi aux gamins de Paris qui travaillent dans les usines.
Son premier disciple s'est concentré uniquement sur la partie contemplative du charisme.
Après la Seconde Guerre mondiale, lorsque le pape a demandé à notre congrégation d'aller en Afrique pour travailler à la formation des prêtres, la question s'est posée : cette demande fait-elle partie de la mission de la congrégation ?
Et après le Concile Vatican II, lorsqu'il a fallu réécrire les Règles de Vie, la question s'est posée avec toute son intensité. Elle a même conduit à une scission au sein de la congrégation.
Le problème des deux sœurs et de notre congrégation est qu'il n'y a apparemment qu'une seule réponse possible. C'est un peu comme lorsqu'on demande à Jésus quel est le plus grand commandement. Mais Jezus donne une réponse en deux parties. Et Benoît a dit : ora et labora : prier et travailler.
Le pape François a dit (Audience 19 août 2015) :
Prière et travail peuvent et doivent aller de pair en harmonie, comme l’enseigne saint Benoît. Le manque de travail nuit également à l’esprit, tout comme le manque de prière nuit également à l’activité pratique.
Il ne faut donc pas choisir entre les deux sœurs celle qui serait la plus juste. Il s'agit de deux aspects nécessaires de la vie, y compris de notre vie religieuse en tant que chrétiens : l'action et la contemplation. Ainsi, une personne travaille lorsqu'elle voit un besoin quelque part et elle se repose aussi aux pieds du Seigneur.
Peut-être vaudrait-il mieux dire : la contemplation dans l'action. Et c'est précisément ce qui a manqué à Marthe : elle était tellement accaparée par son travail qu'aucune autre attitude n'était possible.
Les deux sœurs nous invitent à faire de toute notre vie une contemplation dans l'action.
Eugène
Les clandestins
Voici que le peuple des fils d’Israël est maintenant plus nombreux et plus puissant que nous. (Ex. 1,9)
Et c'est quelque chose que l'on entend régulièrement aujourd'hui à propos des réfugiés et des immigrés clandestins dans le pays : il y en a trop et il y vient encore trop.Pharaon propose deux solutions : le travail forcé et la mise à mort des garçons nouveau-nés.
Heureusement, ces solutions ne sont pas proposées maintenant. Mais ce qui est vrai, c'est que les immigrés clandestins font le travail que leurs propres concitoyens ne veulent pas faire. C'est ce qu'a souligné l'évêque anglican Budde dans son discours lors de l'investiture du président Trump.
Et l'autre solution, c'est de les renvoyer à la frontière. Ou la déportation comme le fait le président Trump.
Dans l'Évangile, Jésus dit :
chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait (Mt. 25,40)
En chaque personne, et donc en chaque étranger et clandestin, le Christ devient visible. C'est l'un des points de départ de la recherche de solutions.Eugène